Peau Neuve pour le
Centre d'Animation Saint-Jean
LOCALISATION Petite rue du Roulet à Villeurbanne (69)
CALENDRIER livraison en 2016
PROGRAMME Réhabilitation architecturale et thermique d’un Centre social d’animation
MAÎTRE D’OUVRAGE Ville de Villeurbanne
ARCHITECTESexndo architectures
EQUIPE DE MAÎTRISE D’OEUVRE Milieu Studio, éco-conception /Aim, be tce
COÛT 400 000 € HT
PHOTOGRAPHIES Renaud Araud & Etienne Fradin
Un bâtiment, un lieu
Le quartier Saint Jean souffre quelque peu de sa ‘déconnexion urbaine’ avec Villeurbanne, au-delà du boulevard périphérique et du canal de Jonage, qui marquent une double frontière. Ce quartier, très mixte dans ses usages résidentiels et d’activités, a la nécessité de rigidifier ses armatures publiques, et notamment ses polarités d’animation. Le centre social Saint Jean incarne une mission « d’initiatives au cœur des quartiers ». Cet équipement participe de l’effort de proximité et de création de liens, notamment intergénérationnels. Il s’avère qu’il y a actuellement une disjonction entre « le lieu », et « le bâtiment ». En effet, l’austérité manifeste du bâtiment, stigmatisé par des écorchures en façade et une tenue usée, témoigne d’un problème de perception, qui rend peu favorable son appropriation. Or ce lieu vit activement de l’intérieur. L’antagonisme entre son intensité intérieure et son image extérieure se creuse. Il devient urgent de remettre en phase l’image du bâtiment avec sa « riche personnalité intérieure ». Dans cette nécessité de renforcer les polarités au cœur du quartier Saint Jean pour un mieux-être de ses habitants, la rénovation du bâtiment contribuera, souhaite-le, à activer un cercle vertueux rompu à ce jour : écoute, action, valorisation, initiatives, respect, revendications.
Choix architecturaux expressifs
Nous avons tout d’abord été intrigué par cet oriel énigmatique qui surplombe l’entrée. Tout aussi inattendu, le large cercle vitré au nord, qui « signe » l’identité du bâtiment. Nous avons cherché à décaler ce caractère « crypto-médiéval » par la voie ludique : L’oriel devient une maison sur le toit, comme si cette icone-house s’était échappée du tissu résidentiel, pour se souder sur le toit. Nous renforçons ainsi l’idée d’une fusion du lieu au contact de son environnement.
Nous avons noté que la limite « rue/centre social » manquait de gradation et d’épaisseur. Nous la trouvions trop spontanée. Ainsi, les enfants arrivent abruptement dans l’équipement, sans dosage du volume sonore, sans perception d’entrée dans un nouvel univers, qui n’est plus la rue. Nous proposons donc de fermer ce volume, pour créer un sas. Cette antichambre pourra être un support communicant : l’interface entre l’intérieur du lieu, et le quartier. Pour marquer le porche, ancrer la maison sur le toit, protéger de la pluie les attentes extérieures, neutraliser le rayonnement solaire d’été et intégrer les coffres de volets roulants, un auvent est créé. Cet élément architectonique constitue une « articulation végétalisante » depuis l’escalier extérieur pour adoucir la perception minérale du bâtiment. Nous pourrions à ce titre imaginer que l’ensemble des clôtures métalliques de pourtour soient végétalisées avec des jardinières en pied.
Une nouvelle image, une nouvelle étape pour le quartier
Faire peau neuve permettra de remettre en phase le bâtiment avec le lieu. L’étape suivante sera que ce lieu (re-)devienne un « réacteur à initiatives ». Pour cela, nous souhaitons profiter de cette opportunité de réhabilitation de façades (l’expression est de circonstance) pour instiller au cœur du dispositif l’intervention des acteurs locaux. Ainsi, des ateliers participatifs pourraient réaliser la végétalisation des clôtures, un animateur (-trice) pourrait redonner goût à la culture potagère. Ainsi, le patio ne pourrait-il pas devenir la serre pour faire pousser des pieds-mère ? Un projet intergénérationnel de transmission de la mémoire et de la culture1 pourrait prendre sa place au cœur de cette dynamique. Notre souhait au fond, est de recréer l’enveloppe fertile pour redonner goût et envie dans ce quartier. Le relai, qui ne peut trouver sa ressource que dans le terreau local, sera seul garant de la pérennité du lieu, au-delà de toute considération technique, architecturale ou environnementale. Nous pensons que le curseur pour ce projet doit se situer dans la puissance de proximité.